A.1 L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE INNOVE DANS LE NUMÉRIQUE
Ce module présenté par Djossè Tessy donne un aperçu général de la situation du numérique en Afrique francophone subsaharienne. La région a sauté les cases du PC et du téléphone filaire pour s’emparer du téléphone mobile, intelligent ou non. Deux entretiens avec des observateurs privilégiés précisent la situation :
- Antoine Mian, enseignant-chercheur à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) d’Abidjan (Côte d’Ivoire), en témoigne : tous ses étudiants ont un téléphone mobile et ils s’en servent principalement pour échanger sur Facebook ou WhatsApp.
- Olivier Nana Nzepa est chef du département des technologies de l’information et de la communication de l’Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la communication (ESSTIC), école multinationale située à Yaoundé (Cameroun). Il montre comment les Africains renouvellent les usages du numérique.
Télécharger les différents supports vidéo : le support audio en format mp3, le diaporama en format pptx, le texte illustré en format pdf.
Contenu :
Mooc Architecture de l’information ________________ Séquence Spécial Afrique Module 1 : L’Afrique subsaharienne innove dans le numérique Nous proposons dans ce module un aperçu de la situation actuelle du numérique en Afrique francophone subsaharienne. Les technologies importées sur le continent ont connu différentes phases. D’abord une phase de découverte de différents terminaux (ordinateur, tablette, téléphone mobile). Ensuite une phase imprévisible d'appropriation et de détournement des technologies. Cette phase est désormais couplée avec une phase de création d’applications, de terminaux et de contenus, une sorte de révolution marquée par l’émergence de startups Les deux interviews suivantes permettent de revenir sur deux grandes caractéristiques du numérique en Afrique francophone subsaharienne : - la place du mobile, en particulier basique, et de deux réseaux sociaux - l’appropriation et le détournement des technologies numériques *** * La pénétration du numérique en Afrique : la place du mobile basique et de deux réseaux sociaux Antoine Mian, PhD Enseignant-Chercheur à l'ENS d'Abidjan à l’École Normale supérieure d’Abidjan) Les jeunes ont tous un téléphone mobile. Tous les jeunes aujourd’hui ont presque des téléphones mobiles. Quand vous voyez les statistiques, il y a plus de téléphones mobiles en Côte d’Ivoire que d’habitants, c’est-à-dire que le taux de puces téléphoniques actives dépasse la population de la Côte d’Ivoire. Donc je pourrais dire que le taux de pénétration mobile dépasse le taux de pénétration d’un outil de première nécessité telle que les toilettes publiques. Ces téléphones mobiles changent la façon d’accéder aux contenus parce que les jeunes ont de l’avance sur les personnes plus âgées. Utilisation du téléphone pour l’apprentissage J’ai eu à faire une étude à l’ENS d’Abidjan sur le mobile learning et ça m’a donné des résultats intéressants. Lorsqu’un enseignant est en train de faire son cours, l’étudiant dépose son téléphone pour enregistrer le cours. À la fin du cours lorsqu’il est [dans] l’attente des transports en commun, il met son casque pour écouter le cours. De même lorsqu’il trouve des cours en format pdf et autres, il les enregistre pour les relire chaque fois qu’il en a l’occasion. Cela veut dire qu’ils ont eux même commencé à l’intégrer dans leur pratique. Les jeunes communiquent par WhatsApp ou Facebook. En plus des téléphones mobiles il y a tout ce qui est réseaux sociaux (Facebook, WhatsApp). Aujourd’hui l’accès à ces réseaux sociaux est en train de redéfinir la communication du monde. Il y a une génération qui communiquait par la poste (les enveloppes timbrées). Il y a une autre génération (la mienne) qui communiquait par mail. Celui qui n’avait pas de mail à l’époque, c’était une catastrophe. Aujourd’hui avec la génération actuelle, il est difficile de communiquer lorsqu'on n’a pas de Facebook ou WhatsApp *** * L’appropriation et le détournement des technologies numériques Olivier Nana Nzepa, PhD Chef du département des TIC à l’ESSTIC (Yaoundé) (École Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication) Les Africains réinventent l’usage des technologies. En général, en Amérique du Nord et en Europe, les gens utilisent la technologie pour ce pour quoi elle a été conçue. En Afrique, c’est des bricolages, c’est des réappropriations insoupçonnées. Mobile money Je reprends l’exemple en terme de mobile money. Personne n’avait pensé que la téléphonie mobile pouvait servir à faire du transfert d’argent. En Afrique la téléphonie mobile a sorti des circuits informels ou des circuits hors banques un nombre absolument incroyable d’Africains et c’est devenu d’ailleurs un modèle. Suivis des marchés On utilise aussi dans le secteur agricole pour s’enquérir sur le comportement du marché par rapport aux produits. Suivis des grossesses On l’utilise de plus en plus dans le domaine médical. Le téléphone portable permet à des gens qui ont été formés de suivre par exemple la grossesse des femmes qui sont excentrées des centres hospitaliers donc à distance. On peut suivre l’évolution et on n’intervient que dans les cas à problèmes. Alors donc il y a cette réappropriation spécifique africaine qui fait que l’Afrique n’a pas inventé la technologie mais réinvente au quotidien les utilisations de cette technologie. Ce bref aperçu montre qu’il y a une réalité africaine du numérique. Le taux de connexion est de plus en plus important. Il ne passe pas par les canaux habituels en Europe et en Amérique du Nord : ordinateurs et Internet filaire généralisé. Les mobiles sont le point d’entrée privilégié pour internet. Mais les mobiles basiques jouent un rôle central dans l’accès aux services. *** Crédits Images utilisées : Carte Afrique : http://faculty.wwu.edu/oussele/pics/AfriqueFrancophone.gif L’image a été modifiée pour l’élaboration de la carte Arrière plan de la carte des startups : Jean-Paul VIART, 05 0ctobre 2015. http://www.affiches-parisiennes.com/le-tout-numerique-l-opportunite-d-une-nouvelle-image-pour-l-expert-comptable-5629.html modifié avec des captures d’écrans des logos de : Byfilling : http://www.byfilling.com/ GiftedMom : http://www.giftedmom.org/ Afrimarket : https://afrimarket.fr Jokkolabs : http://jokkolabs.net/ YUX Lab Dakar : http://www.yuxdakar.com/ MboaStore : https://www.mboastore.cm CTIC Dakar : http://www.cticdakar.com/fr/ WEIZO : http://www.weizogroup.com/ Qelasy : http://www.qelasy.com/ W&B : http://will-brothers.com/ CamAgro : http://www.camagro.cm/ Djossè Tessy, ENS de Lyon, février 2017 CC-BY-SA (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/fr)
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
dtessy (9 juillet 2016). A.1 L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE INNOVE DANS LE NUMÉRIQUE. MOOC Archinfo. Consulté le 14 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/be3w